Madlyn Cazalis une marque qui monte
Madlyn Cazalis une marque qui monte

Découvrez aujourd’hui le portrait de Christian Ngan, fondateur de la marque de produits cosmétiques Madlyn Cazalis. Exemple parfait du « self made man africain », il est aussi à la tête de Goldsky Partners, société gérante de la marque.

 

Bonjour Monsieur Christian Ngan, vous êtes le fondateur de Madlyn Cazalis et de Goldsky Partners. Pourriez-vous en quelques lignes vous présenter et nous dire quand et comment vous est venue l’idée d’entreprendre? 

Bonjour et merci de m’avoir reçu. Je suis Christian Ngan, j’ai fondé Madlyn Cazalis, une marque de produits cosmétiques naturels, 100% africaine, destinée aux peaux noires et métissées. Nous produisons des laits de toilette, lotions, crèmes, gommages, masques, savons et sérums et luttons férocement contre les produits éclaircissants. Je suis détenteur d’une Maîtrise de Gestion et d’un Master 2 en Affaires Internationales de l’université Sorbonne, ainsi qu’un Master en Ingénierie Financière de l’EM Lyon. J’ai travaillé durant plusieurs années dans l’univers du Capital Investissement et des fusions-acquisitions. En 2012, j’ai présenté ma démission et je suis rentré au Cameroun pour créer Goldsky Partners, société qui gère la marque Madlyn Cazalis.
 Qu’est ce qui a motivé votre choix de rentrer entreprendre au Cameroun? 

J’ai toujours eu ce besoin d’entreprendre en Afrique, cette envie d’être mon propre patron et d’investir dans des projets sur le continent. A défaut de devoir attendre 10 à 15 ans pour devenir Managing Partner d’une banque d’affaires ou d’un fonds d’investissement, je me suis demandé pourquoi ne pas réaliser mes rêves tout de suite ? J’ai donc décidé à l’âge de 28 ans, de piloter mon propre projet d’investissement. 

Pourquoi avoir choisi d’investir dans le domaine des cosmétiques? 

J’ai fait un constat amer lors de mon voyage au Cameroun en 2010 : le « décapage » faisait des ravages et je ne comprenais pas comment mes sœurs africaines pouvaient continuer à détruire leur peau de la sorte. J’ai fait un second constat, la plupart des produits vendus au Cameroun sont soit dépigmentant soit adaptés aux peaux blanches. Or l’Afrique bouge et les africains réclament de plus en plus des produits qui leur ressemblent, des produits adaptés à leur identité. J’y ai vu une opportunité d’apporter des solutions à toutes ces femmes mais également aux hommes, que l’industrie cosmétique a souvent tendance à oublier. Madlyn Cazalis a pour objectif de créer des produits de qualité dont les africains seront fiers. Nous comptons aujourd’hui plus d’une vingtaine de points de vente et notre réseau s’étend progressivement en Afrique Centrale. La société a de très grandes ambitions pour les années à venir.
 Vous êtes pour la jeune génération camerounaise, un exemple de « self-made man ». Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées dans le développement de vos activités et comment les avez-vous surmontées ? Quelle analyse feriez-vous de la demande camerounaise vis à vis de votre secteur d’activités?
 Je vais sans aucun doute vous étonner, mais les principales difficultés que l’on rencontre lorsqu’on démarre une activité entrepreneuriale ne sont pas forcément celles liées aux capitaux financiers. La plus grande difficulté est de se lancer, de se donner le courage de tout laisser et repartir « à zéro ». Je dois avouer que l’environnement économique camerounais peut souvent s’avérer hostile et très négatif. On ne fait pas beaucoup confiance aux jeunes, l’atmosphère est dominée par la gérontocratie parce qu’on a cette tendance à estimer que vieillesse égale compétence, ce qui est absolument faux. L’Afrique regorge d’une quantité insoupçonnée de jeunes entrepreneurs très actifs. Dommage que les pouvoirs publics ne les encouragent pas assez. Sur le terrain, je crois que les gens ne sont pas suffisamment disposés à accueillir l’innovation et la créativité, de même, le volet administratif souvent contraignant peut  décourager quelques-uns. Personnellement je pense qu’un entrepreneur reste un entrepreneur qu’il soit au Cameroun, au Bangladesh ou en Argentine, l’herbe n’est pas plus verte ailleurs. Je crois que la force d’un entrepreneur c’est de pouvoir s’adapter à toutes les situations peu importe les difficultés. Avec des difficultés au départ, la victoire n’est-elle pas plus belle et savoureuse ? Pour ce qui est de la demande camerounaise, elle est assez exigeante et très changeante. Les camerounais aiment bien la mode et les dernières tendances, ils ont besoin de produits de qualité dont ils sont fières, des produits pour eux, et par eux. L’Homme africain commence à prendre conscience de ses potentialités et des ravages liés aux produits décapants (peau abimée, dérèglements hormonaux, cancers etc.). L’éveil de conscience en termes de santé publique engendre donc un retour au naturel lié à la réappropriation de notre identité.

la force d’un entrepreneur c’est de pouvoir s’adapter à toutes les situations peu importe les difficultés. »

Lors d’une précédente interview, vous parliez de l’ouverture d’un centre exclusivement dédié aux produits Madlyn Cazalis, qu’en est-il? D’après vous, quels seraient les avantages d’une collaboration étroite entre talents locaux et ceux de la diaspora ?

Pour le moment, l’ouverture d’un centre n’est pas encore d’actualité. Cela faisait partie du projet initial mais nous avons opéré le choix nous concentrer sur la gestion de notre réseau de distribution préexistant. Nos clients peuvent se ravitailler chez nos Distributeur Agréé Madlyn Cazalis. Concernant les avantages d’une collaboration, les talents locaux pourront apporter à ceux de la diaspora leur maîtrise de l’environnement, et ceux de la diaspora une autre manière de voir les choses.

 Comment entrevoyez-vous cette coopération ?Comment entrevoyez-vous cette coopération ?Comment entrevoyez-vous cette coopération ?
 Je crois qu’il ne faut pas faire la distinction entre les talents locaux et ceux de la diaspora. Nous devons former un front uni pour le développement. La division est justement ce qui nous frêne. Il faut éviter que certains jeunes de la diaspora ne prennent leurs congénères demeurés au pays de haut, et que certains locaux ne développent des complexes. Nous sommes avant tout des jeunes camerounais et l’échange doit se faire des deux côtés sans arrières pensées. La pire erreur qu’un jeune de la diaspora puisse faire en rentrant est de se dire « je sais tout parce que je suis allé en France ou aux Etats-Unis ». Tout le monde peut apprendre de l’autre, il n’existe donc pour moi aucune frontière à l’échange.

Etant un jeune chef d’entreprise au Cameroun, vous faites certainement des rencontres avec de nombreux jeunes entrepreneurs et porteurs de projets. Quel est votre sentiment vis-à-vis de leurs offres ?

Je suis fière de constater que ces dernières années, de plus en plus de jeunes prennent l’initiative de rentrer s’installer au pays pour y développer des projets. Depuis que je suis rentré au Cameroun en 2012, une dizaine d’amis basés en Europe ou aux Etats-Unis sont eux aussi rentrés définitivement. Depuis, j’ai dû croiser plus d’une vingtaine de jeunes comme moi qui développent des projets intéressants dans divers secteurs (santé, médias, immobilier, ressources humaines, informatique, musique etc.). Je crois qu’en créant des synergies nous pourrons aller très loin. Lorsqu’on est seul on va vite, lorsqu’on est en groupe on va loin. Vous devez connaître cette citation.

Dans quels secteurs de l’économie pensez-vous que les jeunes entrepreneurs camerounais auraient des propositions intéressantes pour l’Afrique et le reste de la planète ?

Je crois que les secteurs ne manquent pas, d’autant plus qu’on observe un manque de solutions créatives dans notre environnement des affaires. Nous avons un manque cruel d’infrastructures, de systèmes efficaces de santé, d’activités culturelles (le Cameroun ne compte plus aucun cinéma par exemple, une honte !), d’activités à fortes intensité capitalistiques, d’agro-industries. De nombreuses opportunités s’offrent aux jeunes entrepreneurs camerounais et africains mais il faut bien penser son projet et bien évaluer les risques avant de se lancer même si un secteur semble très alléchant à première vue.

Quels conseils donneriez-vous à cette jeunesse qui souhaite entreprendre ?Avant tout, j’encouragerai chaque jeune à bien penser son projet avant de se lancer, mais une fois tous les éléments en tête, lancez-vous immédiatement. L’attente ; l’immobilisme et la procrastination sont les ennemis de l’entrepreneur. Foncez et ne vous dites pas que c’est l’argent qui fera votre projet. C’est le projet qui fait l’argent et non le contraire. Il vous faudra certes un apport minimum, mais j’incite les jeunes à apprendre à commencer à l’échelle 0 et à croître progressivement. Ne vous laissez pas polluer par les critiques mais soyez à l’écoute des conseils, soyez humbles et apprenez chaque jours. Laissez votre orgueil, les dépenses futiles et la théorie de côté. Un seul mot : « foncez » !

Merci de nous avoir accordé cette interview.

Source: http://www.madlyncazalis.com/

Retrouvez l'intégralité de l'article sur : sjc-online.com/christian-ngan-chef-dentreprise/

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