Ruée des investisseurs anglo-saxons sur le secteur énergétique camerounais

C’est subtile et presqu’invisible. Mais, le secteur de l’énergie au Cameroun est désormais dominé par des investissements anglo-saxons, tant sur le plan prospectif que sur le plan des capacités de production effective. Le 6 mars 2015, on a appris que le groupe Eranove, anciennement Finagestion, envisage de construire dans la ville de Limbé, dans la région du Sud-Ouest du Cameroun, une centrale thermique d’une capacité de production de 315 MW.

Les détails du projet ne sont pas encore clairement définis et un responsable au sein d’Eranove a indiqué que le projet était encore à un stade préliminaire, et que rien ne pouvait encore être dit à ce sujet. Mais, l’appel à manifestation d’intérêt pour recruter un cabinet devant réaliser l’étude de faisabilité du projet est bien réelle et révèle les visées d’Eranove sur le secteur camerounais de l’électricité. Ce qui est plus intéressant cependant, c’est le fait qu’Eranove est détenu à 57% par le fonds d’investissement Emerging Capital Partners (ECP). Dans ce fonds d'investissement majoritairement américain, qui gère 1,8 milliard de dollars d'actifs en Afrique, le Commonwelath Development Corporation (CDC), un institut de financement du développement détenu par le gouvernement britannique, détient quelques actifs.

Plus directement, le CDC a annoncé le 3 février 2015, un plan visant à se renforcer avec le fonds norvégien Norfund, dans le cadre d’une alliance stratégique qui lui permettra de racheter Globeleq Africa, le bras séculier du fonds d’investissements britannique Actis, dans la production indépendante de l’électricité en Afrique. Cette alliance devrait permettre à Globeleq Africa de booster ses investissements dans le secteur de l’électricité des pays du continent, dont le Cameroun, où l’entreprise est déjà présente avec une participation majoritaire dans le capital des entreprises qui gèrent les centrales à gaz de Kribi et à fioul de Dibamba.

Mais, la présence la plus remarquable dans le secteur de l’énergie électrique au Cameroun est certainement celle d’Actis, le fonds d’investissements britannique qui a racheté les 47% des parts qui jusque-là étaient détenues par le groupe américain AES Corporation, dans l’entreprise concessionnaire du service public de l’électricité au Cameroun (Eneo). Il faut rappeler qu’Actis, dont les bureaux sont basés à Londres en Grande Bretagne, a eu comme premier sponsor le Commonwealth Development Corporation.

Un dynamisme palpable, mais encore insuffisant

Plus discrètement, on retrouve des entreprises comme Victoria Oil and Gas (VOG), qui a mis en place à Douala, la capitale économique du Cameroun, la toute première unité de traitement de gaz naturel en Afrique sub-saharienne. VOG est par ailleurs actionnaire majoritaire de l’entreprise Gaz du Cameroun (GDC), qui est aujourd’hui pionnière dans la distribution du gaz industrielle aux entreprises établies dans la ville de Douala. Dans ses récentes mises à jour aux investisseurs, les dirigeants de cette compagnie pétro-gazière britannique ont fait part de ce que près de 17 entreprises utilisent déjà ses services.

Aussi discrète est la présence de l’entreprise écossaise Bowleven, qui est présente majoritairement dans le capital de l’entreprise d’exploration pétro-gazière Euroil, qui poursuit le développement d’un projet pétrolier, mais aussi gazier, au large du Cameroun et dans la localité d’Etinde. Parmi les entreprises britanniques présentes dans le secteur de l’énergie au Cameroun, l’on retrouve encore l’entreprise Joule Africa, qui est sur un important projet de barrage hydroélectrique sur la rivière Katsina, dans la région du Nord-ouest du pays.

Pour ce projet, les études de faisabilité sont en cours. Mais à côté de cela, l’entreprise a signé le 2 juin 2014, une convention avec le ministre camerounais de l’énergie, pour la construction au Cameroun, d’une centrale électrique photovoltaïque d’une capacité de 200 MW.

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